Du montage de copie
Aujourd'hui, en ces temps de CAP, j'ai envie de parler de la façon dont les
projectionnistes traitent les copies, voir un petit exemple sur l'album déjà publié.
La copie de film que l'on projette est bien sur l'élément principal et
primordial de la séance, c'est pour cela que l'on paye une place, c'est donc la
moindre des choses que de veiller à la parfaite qualité de cette copie. Nous
allons donc voir quels sont les meilleurs moyens pour parvenir à garder cette
qualité et à envoyer paitre les tenant du numérique pour qui le seul moyen de garder une copie propre est de la passer en ...numérique.
Dans tous les cas, il faudra respecter un certain nombre de choses:
1/Réception de la copie: vérifier le titre du film, le nombre de bobines par
rapport aux étiquettes collées sur les boites et que les bobines correspondent
aux boites et au film; Il arrive régulièrement d’avoir deux bobines identiques,
dans des boites identiques ou pas (Ex : Pinocchio le robot : deux
1ères bobines mais pas de 4ème)
2/Montage de la copie: Si besoin, rembobiner la bobine sur le début, positionnez là sur la
table de montage et vérifier l'amorce de début: titre du film et numéro de
bobine (si vous ne l'avez pas déjà fait avant), état de l'amorce si le film
n'est pas neuf, suppression de tous les Scotchs qui trainent (pour
"ouvrir" une bobine, on n'arrache pas le Scotch en place, on le
décolle complètement et on le jette), on ne coupera pas une image sous prétexte que l'on a la flemme d'enlever les anciens Scotchs et que ça va plus vite de couper sauf si l'image est vraiment abimée.
Pour marquer les changements de bobine, pour faciliter le démontage, on posera un signal discret style un morceau d'étiquette autocollante posée à cheval sur le bord de la pellicule; il est formellement déconseillé de badigeonner n'importe quoi sur la copie: pas de Typpex ou d'énormes étiquettes collées en travers de l'image ou de crayon gras écrasé sur la copie pendant le montage sur plusieurs mètres au cas où. Après le montage, étiqueter le film monté avec le titre, numéro de copie, format image et son. Le mieux est de marquer cela sur un scotch papier (style scotch de masquage pour peinture) et de le coller sur l'amorce de fin. On ne marque rien directement sur la pellicule. Enfin, on étiquette la boite de transport de la copie pour la ranger et la retrouver facilement avant le démontage.
3/Démontage de la copie: le film doit être démonté de la même façon: proprement. Que ce soit sur dérouleur vertical ou horizontal, on démonte la copie (en général par la fin mais en vertical, la copie a pu être rembobinée et se trouver par le début) calmement, en restant à coté de la table de montage pour ne pas risquer de "trop plein" . Si le film dépasse une bobine sur le plateau de démontage, cela va vite tourner à la catastrophe. Trés important: ne pas oublier de scotcher les amorces (début et fin). Il n'y a aucune raison de ne pas le faire si ce n'est par flemme. Il est en effet insupportable de rembobiner une bobine et de se retrouver avec les amorces en l'air. Mais le risque c'est surtout que l'amorce disparaisse et qu'il n'y en ait plus. A force de manipulation, tout le début de scène s'en trouvera rayé. L'argument selon lequel cela abime moins la copie de ne pas scotcher les amorces car cela évite le passage par la scotcheuse ne tient pas une seconde. Un passage de moins ou de plus dans la scotcheuse ne changera rien à l'affaire. Donc, on démonte. Quand le scotch arrive , on ralentit le plateau et on COUPE le scotch avec la scotcheuse, on ne l'arrache pas! Il est même conseillé, si le film n'est pas un blockbuster de 1000 copies mais un petit, voire tout petit tirage Art et Essai, d'enlever les scotches délicatement. A fortiori si c'est une projection scolaire avec une pauvre copie qui fait le tour de la région.
Quand je parlais de démonter proprement une copie, cela voulait dire qu'il est interdit de démonter un film "à la volée". C'est une pratique que j'ai utilisée à mes débuts (on m'avait dit que c'était comme cela qu'il fallait faire!), mais la copie ne vous dira pas merci: il s'agit de démonter les bobines directement à la sortie du projecteur: soit une par une, soit avec une bobine de montage ou vous allez récupérer 2 ou trois bobines de film: vous désactivez les sécurité de sortie de projecteur ou de plateau et quand le scotch passe vous le cassez (encore une fois, pas merci pour la copie), vous enlevez la bobine, vous remettez un bobine métal ou un noyau, vous rattrapez le début de la bobine qui est en train de défiler par terre, vous remettez tout ça en action pour que la bobine se termine. Donc, quelques mètres de film par terre, au mieux l'amorce de début sur le noyau en train de défiler (donc pas scotchée bien sur, pas le temps) voire rien du tout pour protéger le film. Voilà pourquoi, entre autre, certains peuvent dire "Vive le numérique!"
Encore une fois, ce n'est que le travail du projectionniste de faire les choses proprement, ce n'est pas une tache imposée en supplément, c'est la base du métier. Bien sur, certains pourront dire qu'on leur demande beaucoup de choses pour un salaire pas conséquent et je l'ai vécu moi-même, mais ce n'est pas une raison suffisante. Il est souvent difficile de se faire entendre par son patron de salle, petit exploitant qui réduit toujours les coûts au maximum, mais je pense que c'est au projectionniste d'expliquer les choses et notamment le besoin de matériel pour travailler proprement. Si vous laissez trainer les choses en pensant que ça viendra tout seul, ça ne marchera pas et en plus, vous vous ferez engueuler quant arrivera le problème. Donc, soyez positif en montrant votre bonne volonté dans le travail, votre bonne volonté sera reconnue et cela facilitera le travail.
Bonne chance!